Le staking est un élément courant dans le design de tokens crypto.
Mais le staking, au sens original du terme, est né de la sécurisation des blockchains Proof-of-Stake, et non de l'intégration de fonctionnalités de staking dans la crypto-économie d'applications blockchain.
On peut distinguer 2 modèles de staking en crypto :
Le staking de validateurs pour sécuriser des blockchains (L1 ou L2)
Le staking dans les applications décentralisées déployées sur ces chaînes
Le staking de validateurs (L1/L2)
Pour expliquer le premier modèle, commençons par un bref historique.
Les blockchains de niveau 1 nécessitent un moyen de déterminer (a) qui doit vérifier les transactions et les ajouter au registre distribué, et (b) comment récompenser ces vérificateurs.
Les premières chaînes de niveau 1, Bitcoin et Ethereum, s'appuient actuellement sur un système appelé Proof-of-Work. Ce système sécurise le réseau tout en générant de nouveaux blocs et de nouveaux bitcoins en guise de récompense.
La clé du Proof-of-Work est simple : afin de gagner le droit d'ajouter le prochain bloc de transactions, les participants s'affrontent dans une course pour résoudre un problème mathématique.
La première personne à trouver la bonne réponse et à la propager au réseau remporte la course. Cette personne ajoute le bloc suivant à la chaîne et est payée en jetons natifs (par exemple en BTC) pour le travail fourni. Tous les autres concurrents auront perdu et ne seront pas remboursés pour l'énergie dépensée.
C'est ce qu'on appelle le minage, et c'est la raison pour laquelle les blockchains PoW comme Bitcoin sont très gourmandes en énergie. À chaque bloc, la grande majorité des participants aura consommé de l'énergie sans gagner de récompense.
Comparativement, le Proof-of-Stake n'utilise qu'une fraction de cette l'énergie, car ce protocole change fondamentalement la façon dont les personnes sont sélectionnées pour ajouter le prochain bloc de transactions à la chaîne.
Dans un système PoS, au lieu de forcer tout le monde à se battre en dépensant de la puissance de calcul pour résoudre un problème, les gagnants des blocs sont présélectionnés de manière aléatoire en fonction de la part de jetons natifs qu'ils ont mis en jeu (staké) dans le système. Aucune course aux mathématiques n'est nécessaire.
Imaginez une tombola où vos tickets sont placés dans un bocal. Vos chances d'être tiré au sort sont proportionnelles au nombre de vos tickets dans le bocal. Si vous avez 10% de tous les jetons stakés, vous avez 10% de chance d'être tiré au sort au fil du temps. Le bocal peut être assimilé à un smart contract auquel les différentes parties peuvent faire confiance.
Les personnes qui concourent pour ajouter des blocs dans les blockchains PoS sont appelées des validateurs. La beauté de ce système est que tout le monde peut staker ses jetons et gagner des récompenses. Si vous ne voulez pas faire le travail technique de valdiation de transactions vous-même, vous pouvez déléguer vos jetons à une entité qui s'en occupera à votre place, comme une pool de staking (moyennant une marge).
Un pool de staking est un groupe de détenteurs du coin qui fusionnent leurs ressources pour augmenter leurs chances de valider des blocs et donc de recevoir des récompenses. Ils combinent leur pouvoir de staking et partagent proportionnellement les récompenses en fonction de leur contribution au pool. - Source
Par ailleurs, rappelez-vous que les blockchains doivent également avoir un moyen de récompenser constamment leurs validateurs pour que le système perdure.
D'où viennent ces récompenses ? De l'éther ! ☁️
C'est ce qu'on appelle les récompenses inflationnistes. Les blockchains émettent des jetons à des taux spécifiques pour récompenser ceux qui effectuent le travail nécessaire. Ainsi, chaque blockchain a sa propre politique monétaire et celles-ci peuvent évoluer avec le temps.
👉 Quelles cryptos pouvez-vous staker ?
Ethereum (ETH)
Cardano (ADA)
Solana (SOL)
Luna (LUNA)
Avalanche (AVAX)
Polkadot (DOT)
Chaque blockchain a son propre ensemble de règles pour les validateurs. Par exemple, le réseau Terra a plafonné le nombre maximum de validateurs à 130. Autre exemple, la Beacon Chain d'Ethereum exige que chaque validateur mette en jeu au moins 32 ETH, ce qui équivaut à plus de 100 000 dollars.
Le staking dans les applications décentralisées
Dans ce cas, pourquoi plusieurs applications mentionnent le staking, alors qu'elles ne sont elles-mêmes pas des blockchains en Proof-of-Stake, et qu'elles fonctionnent plutôt au-dessus de celles-ci ? 🤔
En réalité, c'est simplement un transfert de language. S'il s'agit toujours de mettre en jeu des jetons pour servir un objectif et obtenir des récompenses, le staking dans les applications est différent du staking de validateurs.
Examinons cette deuxième catégorie, au sein de laquelle on peut distinguer :
Le staking de gouvernance
Le staking d'assurance
Le staking pour générer des dividendes
Le staking dans les ponzis
Le staking de gouvernance
Plusieurs protocoles permettent aux détenteurs de leurs jeton natif de participer à la gouvernance du projet et de prendre part aux décisions de celui-ci. Dans certains cas, les utilisateurs peuvent verrouiller (staker) leurs jetons pour recevoir un pouvoir de gouvernance accru.
Ce concept a été lancé par Curve Finance avec son modèle de jeton vote-escrowed. Plus la durée de staking de CRV est longue, plus l'utilisateur accroît de veCRV, et plus son pouvoir de décision est important.
Le staking d'assurance
Les utilisateurs peuvent verrouiller leurs jetons dans un module d'assurance, qui agit pour soutenir le protocole en cas d'instabilité ou de déficit.
Les stakers reçoivent un rendement, mais risquent de perdre leurs jetons si un accident se produit. Le rendement récompense le risque encouru.
Par exemple, Aave a mis en place ce type de staking à travers son Safety Module.
Le staking pour générer des dividendes
Les utilisateurs verrouillent leurs jetons pour obtenir une partie des frais générés par le protocole.
Prenons l'exemple de la place de marché NFT LooksRare. Les utilisateurs ayant verrouillé leurs jetons LOOKS reçoivent 100% des frais de transaction de la plateforme (qui sont actuellement de 2%) sous forme d'ETH. Chaque staker reçoit des récompenses proportionnellement au montant qu'il a staké.
Le staking dans les ponzis
Avec l’avènement des alt-L1 et des L2 à très faible coût, il est devenu possible pour n'importe qui de lancer des applications blockchain. Conséquence : des dizaines de milliers de shitcoins ont été déployés et font la promotion du staking.
En réalité, ce staking ne résout absolument aucun problème. Il ne s'agit ni de sécuriser un réseau, ni de constituer une réserve de contingence, ni de participer à la gouvernance d'une plateforme. Il s'agit simplement d'un mécanisme incitant à verrouiller des jetons afin que la masse monétaire en circulation diminue artificiellement, et donc que le prix du token puisse augmenter.
Sauf que ces protocole sont souvent couplés à une logique inflationniste extrêmement agressive, qui consitue une forte pression à la baisse sur le prix du token.
Le staking ne permet pas de contrer le déluge de nouveaux jetons créés et, couplé à la logique court-termiste des traders de ce type de projet, inévitablement, le shitcoin se dirige vers sa mort.
Ce sont souvent des opportunités pour les insiders ou des pros du hit-and-run. Pour tous les autres, c'est la garantie de perdre son capital. Par ailleurs et très souvent, ces protocoles mettent en place une taxe à la vente pouvant aller jusqu'à 50% si vous souhaitez retirer vos fonds verrouillés.
Comme vous pouvez le constater, le staking dans ces contextes n'a rien à voir avec le staking des validateurs.
Le terme a simplement été repris pour décrire toute utilisation utilitaire de jeton dans une application qui exige que le jeton soit mis sous séquestre via un smart contract.
Le staking classique en Proof-of-Stake est une bonne option pour les investisseurs désireux de générer des rendements sur leurs investissements à long terme et qui ne sont pas préoccupés par les fluctuations à court terme du prix.
À l'avenir, attendez-vous à voir beaucoup plus de variations du staking, comme des formes hybrides et du staking de NFT.