Comment Apprendre Plus Vite et Mémoriser Comme une Machine
Techniques de neurosciences pour booster son cerveau
L’invité du jour se nomme Mustkohv et c’est l’auteur du blog Audace & Discipline, dont je ne rate absolument aucun article. D’ailleurs, n’hésitez pas à aller lui dire d’en écrire plus Aujourd’hui, il s’est proposé en volontaire pour partager ce qui lui a permis de devenir une machine de la mémorisation. Il a dévoré plusieurs livres de neurosciences, testé beaucoup de techniques issues de ce domaine et vous livre dans cet article ce qui vous permettra de décupler vos performances d’apprentissage comme lui. Ce qui suit s’adresse à tout le monde, que vous soyez étudiant, travailleur ou créatif. Let’s go!
Peut-être connaissez vous cette appréhension, lorsque vous lisez un document dont le contenu vous fascine, vous intéresse ou vous est fortement nécessaire, qui vous fait comprendre que vous DEVEZ absolument retenir ces informations.
Vous le devez, mais ça n’est pas toujours facile : document technique, nombre d’informations colossal, théories plus faciles à énoncer qu’à appliquer… Le travail de mémorisation et d’apprentissage est complexe.
On conseille aux étudiants de prendre des notes et de s’approprier une information en la reformulant. Une méthodologie qui fonctionne, certes, mais combien de nos étudiants passent des nuits entières à étudier pour des résultats finalement moyens ? Pourquoi tant de temps investi pour un résultat si faible ?
Selon Tony Buzan, psychologue et mathématicien britannique, c’est parce que nos méthodes d’apprentissage classiques ne correspondent pas à la façon dont notre cerveau opère pour fixer le savoir.
Nous procédons de manière linéaire, verbeuse, et pour Buzan, c’est comme si nous essayions de faire un puzzle en voulant commencer par le coin supérieur gauche, puis que nous voulions absolument mettre les pièces dans l’ordre de gauche à droite, rangée par rangée. Suivant cette logique, il est évident que nous perdons un temps fou pour un résultat moyen.
Alors comment mémoriser efficacement les informations, pour mieux se les remémorer par la suite, tout en gagnant du temps ? Voici quatre pistes à explorer, issues d’ouvrages de neurosciences et testées par mes soins.
Cartographier le savoir pour mieux se repérer : les « Mind Maps » (cartes mentales)
Le cerveau ingurgite le savoir non pas comme un ordinateur, mais plutôt comme une éponge : en s’en imprégnant.
La connaissance est relative et non absolue: elle se constitue sur plusieurs éléments liés entre eux, et non comme éléments « solides » et distincts.
Vous savez ce qu’est l’eau, et que sa formule chimique est H2O. Vous avez une idée de ce qu’est l’hydrogène, l’oxygène, les atomes, les molécules, l’eau en tant que réalité dans votre vie, l’eau en tant que boisson, etc. On ne vous a pas d’abord enseigné ce qu’était un atome, puis l’hydrogène, puis l’oxygène, puis les molécules, et ainsi de suite.
Pour apprendre, il faut donc procéder de la même manière : relier les éléments clés entre eux, dans une vision plus large (ce qui ne veut pas dire moins détaillée). L’association est d’ailleurs un principe clé de la mémorisation (et nous le verrons ensuite).
La solution proposée par Tony Buzan dans son best-seller « Une tête bien faite » est de créer des « cartes mentales ».
Il s’agit de structurer l’information pour une insertion optimisée (idée centrale + ramifications).
En partant d’un mot désignant un sujet (ou le titre d’un bouquin, d’un article…), vous créez des branches représentant les divers sous-sujets concernés et leur développement, en utilisant des mots-clés et des dessins uniquement, faisant allusion aux idées fondamentales à retenir et à organiser dans votre esprit.
Note de Wassim : En français, on dit aussi “carte heuristique”, “carte cognitive”, ou encore “schéma heuristique”. C’est un schéma supposé refléter le fonctionnement de la pensée, qui permet de représenter visuellement et de suivre le cheminement associatif de la pensée.
Voici, à titre d’exemple, ma carte mentale de l’excellent article « 3 Jours Pour Trouver Votre Voie » :
Comme vous pouvez le voir, tout part d’un concept central, qui s’étend ensuite sur différents principes et idées qui sont ensuite développées par ramifications. Certains sont même entrelacés entre eux. Dans cette carte, vous mettez TOUTES les informations importantes, et les relire ne vous prendra alors que quelques instants.
Pour construire ces cartes, à vous de « hacher » finement le savoir à condenser, via des notes prises sur les éléments clés de chaque partie d’un document.
Note de Wassim : Il existe un tas de programmes informatiques permettant de réaliser des cartes mentales numériques. Par exemple, FreeMind (gratuit). Je suis en train de me faire en ce moment un bouquin de marketing. Plus de 1000 pages, un monstre de 2 kilos. Quelle est ma stratégie pour retenir un maximum d’informations ? J’utilise bien évidemment des mind maps pour organiser et associer les différentes notions rencontrées. Si vous souhaitez aller à la chasse du logiciel le mieux taillé pour vos besoins, voici un article complet qui en présente 15.
L’importance de la répétition
Quand vous aurez fini de lire cet article, à combien de % vous en souviendrez-vous demain ? Dans une semaine ? Dans un mois ? Dans un an ?
De moins en moins, vous en conviendrez.
Pourtant, vous avez sans doute très envie de vous souvenir des différentes astuces partagées ici. Une méthode évidente serait donc de relire cet article de temps en temps pour en « fixer » le savoir dans votre esprit.
Cette méthode marche plutôt bien, elle constitue d’ailleurs la base même de l’acte de réviser ses cours. Pourtant, elle présente les mêmes stigmates que la lecture classique : si vous relisez un document entier, vous allez certes relire les 20% d’informations utiles, mais également les 80% de moindre intérêt qui ne vous serviront pas à grand chose.
Il faut donc relire intelligemment. Idéalement, relire une carte mentale, pour une efficience maximale. Sinon, relire seulement les parties qui comportent les informations nécessaires (souligner ou surligner un texte peut donc être de bon ton).
Maintenant, combien de relecture faudrait-il pour « fixer » le savoir à long-terme dans votre esprit ?
S’il vous est arrivé de relire un texte avant un examen, que vous n’aviez lu qu’une fois auparavant, vous êtes sans doute déjà au courant que ça ne suffit pas.
En fait, il vous faudra relire 6 à 10 fois le « cœur » du document avant de l’intégrer durablement.
Vous vous dîtes peut-être à ce moment là que dès la fin de cet article, vous allez vous le repasser en boucle 6 à 10 fois, et que cela suffira à l’enregistrer définitivement. Rien n’est plus faux.
Pour apprendre, votre cerveau a besoin de pauses et de sommeil (nous développerons cela plus loin). Il vaut mieux attendre quelques heures ou une journée avant de relire un texte. Puis encore une journée. Puis encore une. Puis quelques jours. Le processus de mémorisation totale par la relecture nécessite un peu de discipline pour que le message se grave bien dans votre cerveau.
Note de Wassim : Toutes les études montrent que nous retenons plus longtemps les connaissances fraîchement acquises quand elles sont enseignées de manière répétée sur une période de temps étalée. En l’absence de répétition et de consolidation, ces informations se perdent avec le temps. La « courbe de l’oubli » a été proposée par Hermann Ebbinghaus en 1885. Plus de 120 ans après, ce concept est toujours autant d’actualité.
Le pouvoir de l’association pour booster la mémorisation
L’esprit humain fonctionne essentiellement par associations, comme nous l’avons vu plus haut (exemple de l’eau). Ceci étant, il est logique que l’on apprenne mieux en utilisant le pouvoir de l’association.
Une première mise en œuvre de cette astuce est celle de l’association symbolique (ou visuelle). Le cerveau mémorise mieux lorsqu’il associe les choses. Des illustrations sont parfaitement adaptées, car le message véhiculé pour le cerveau est à la fois beaucoup plus léger et beaucoup plus significatif qu’une phrase entière.
Un exemple concret : une amie avait 5 définitions complexes à retenir. Je lui ai suggéré d’associer un animal différent (et de le dessiner !) pour chaque concept : « Le panda dit : la mélatonine et la sérotonine dérivent du tryptophane ». Après quelques révisions, énumérer chaque animal lui permettait de n’oublier aucune définition et de bien mieux se les remémorer (sans compter l’aspect ludique qui égaie quelque peu les mornes plaines de la neurologie).
Note de Wassim : J’utilise souvent l’association visuelle. Certaines matières requièrent que les définitions soient parfaitement apprises. Je découpe des feuilles de papier en cartes à jouer. Sur le recto, je note le nom/notion à définir accompagné d’un petit dessin ; sur le verso, la définition. Je mélange les cartes face verso, lis le nom, regarde le dessin, et j’essaie de définir moi-même ce nom. C’est ludique et les petits dessins aident vraiment à se remémorer les choses.
Une seconde option tout aussi efficace est l’association sensorielle. Plus vos sens sont stimulés lors d’une prise d’informations et plus vous avez de chance que les informations demeurent solidement ancrées dans votre cerveau. Entendre une musique, sentir une odeur, toucher une certaine matière, vous rappellent forcément divers moments de votre vie, et c’est normal.
Vous pouvez exploiter ce phénomène à votre avantage. Lorsque vous étudiez un document, vaporisez un parfum et/ou mettez une musique de fond, que dans les deux cas vous n’aviez associé à rien auparavant.
Dès que vous rencontrerez à nouveau ces stimulis, votre cerveau ira automatiquement piocher les informations relatives à la première exposition de ces sensations.
Une astuce supplémentaire est de vaporiser le parfum utilisé pendant votre étude sur votre oreiller, pour le sentir pendant votre sommeil. Cela favorisera le ressassement inconscient de l’information dans votre cerveau pendant que vous dormez, et facilitera grandement l’apprentissage.
Cette astuce marche moins avec la musique, pour des raisons neurologiques (l’information olfactive voyage beaucoup plus vite au cerveau que toutes les autres informations sensorielles).
Pour apprendre : reposez-vous (et dormez)
Quand vous étudiez, combien de temps devriez-vous travailler avant de vous autoriser une pause ? Deux heures ? Trois heures ? Une seule ?
Perdu : trente à quarante minutes.
Votre cerveau retiendra essentiellement ce que vous verrez dans les premières et les dernières minutes. Plus vous allongez votre session de révision, moins les informations vues seront retenues (même si vous en verrez probablement davantage en deux heures qu’en une demi-heure).
Dès lors, il faut s’accorder une pause. Et vous reposer ! Allongez-vous quinze minutes, faites le vide dans votre esprit. Non content de vous sentir plus frais pour continuer, vous aurez aidé votre cerveau à assimiler les informations toutes fraîches.
Mieux : faites une sieste de 90 minutes. Les informations se gravent dans votre esprit quand vous dormez (c’est pourquoi je vous conseille de faire nuit blanche s’il devait vous arriver quelque chose de traumatisant : votre mauvais souvenir s’en trouverait fortement étiolé et affaiblit).
Et enfin, vous l’aurez deviné, pour bien mémoriser il vaut mieux faire une nuit complète (8 heures pour la plupart des gens).
Sachez d’ailleurs qu’une seule heure de sommeil en moins et vous réduisez vos capacités cognitives de 50% pour la journée qui débute.
Vous pouvez même retrancher 50% de vivacité d’esprit par heure de sommeil manquée.
Si vous ne dormez que deux heures au lieu de huit, vous voilà à 16% de vos aptitudes. Et avec 16% de vos aptitudes cérébrales, autant dire que vous allez peiner. Les dettes de sommeil se paient très cher, alors dormez !
Conclusion (tout en mind map)
Cet article est documenté par les ouvrages suivants, tous recommandés :
« Une Tête Bien Faite » de Tony Buzan
« Les 12 Lois du Cerveau » de John Medina
« Night School » de Richard Wiseman
Un grand merci à :
Slavomira pour sa bienveillante relecture et ses corrections ;
Mustkohv pour son travail de synthèse.
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